Les Congolais (RDC) sont ingrats envers le Burundi:
L'intervention militaire burundaise contre l'agression Rwanda-M23 et sa marginalisation dans les accords de Washington
Note explicative : Ce document analyse l'intervention militaire du Burundi pour défendre la RDC contre l'agression du Rwanda et du M23 (2022-2025), et la marginalisation systématique de Bujumbura dans les accords régionaux qui en ont découlé. L'expression « Les Congolais sont ingrats » désigne l'incapacité du gouvernement congolais à reconnaître et défendre son principal allié militaire dans les négociations qu'il a lui-même initiées.
Résumé exécutif
L'agression : Depuis mars 2022, le Rwanda soutient militairement le M23 avec jusqu'à 12 000 soldats (selon l'ONU). En janvier-février 2025, cette offensive culmine avec la prise de Goma et Bukavu, provoquant le déplacement de 400 000 personnes.
La réponse burundaise : Le Burundi déploie plus de 10 000 soldats pour défendre la RDC (octobre 2023-février 2025). Le président Tshisekedi reconnaît que seules les forces burundaises combattent réellement le M23.
L'appel de la RDC à Washington : Face à la crise, Tshisekedi fait appel aux États-Unis (février-mars 2025), offrant un accès aux minerais critiques contre une assistance sécuritaire.
Le résultat : L'accord de Washington (27 juin 2025) marginalise totalement le Burundi. Le Rwanda obtient une position de partenaire privilégié avec des accords tripartites (RDC-Rwanda-USA) et bilatéraux (USA-Rwanda). Le Burundi est exclu de tout.
Le refus rwandais : En septembre 2025, le Rwanda maintient ses troupes en RDC malgré l'accord. Aucune conséquence. Les accords économiques continuent.
Le verdict : Le pays qui agresse (Rwanda) est récompensé. Le pays qui défend (Burundi) est laissé de côté. Cette injustice résulte de l'incapacité du gouvernement congolais à défendre ses alliés.
1. L'agression Rwanda-M23 : Contexte et ampleur (2022-2025)
1.1. La résurgence du M23 avec soutien rwandais massif
Le Mouvement du 23-Mars (M23), groupe rebelle tutsi congolais, avait été militairement défait en 2013 après une première occupation de Goma en 2012. En mars 2022, le M23 reprend les armes avec un soutien rwandais sans précédent.
Preuves documentées du soutien rwandais :
- Décembre 2024 : L'ONU estime à 4 000 le nombre de soldats rwandais en RDC assistant le M23
- Mars 2025 : Ce chiffre atteint 12 000 soldats rwandais selon les estimations onusiennes
- Commandement : Le Rapport du Groupe d'experts de l'ONU identifie des officiers supérieurs rwandais dirigeant les opérations : James Kabarebe (Ministre de la Coopération régionale et ancien Chef d'État-Major), Général Vincent Nyakarundi (Chef d'État-Major RDF), Général Patrick Karuretwa (Président de la Haute Cour militaire)
- Logistique : La RDF (Rwanda Defence Force) a établi un quartier général à un kilomètre de la frontière congolaise pour coordonner les opérations
1.2. L'offensive de janvier-février 2025 : Le point culminant
21 janvier 2025 : Le M23 capture Minova (Sud-Kivu), coupant la route d'approvisionnement vers Goma.
23 janvier 2025 : Le M23 coupe toutes les connexions routières vers Goma.
25 janvier 2025 : Le M23 entre dans Goma. La RDC rompt ses relations diplomatiques avec le Rwanda et rappelle son personnel diplomatique de Kigali.
26 janvier 2025 : Le M23 perce les lignes de défense et occupe Goma.
30 janvier 2025 : Goma est totalement sous contrôle M23/Rwanda.
5 février 2025 : Le M23 capture Nyabibwe (entre Goma et Bukavu).
16 février 2025 : Bukavu tombe aux mains du M23.
Bilan de l'offensive :
- Plus de 400 000 personnes déplacées
- Contrôle M23/Rwanda sur les deux capitales provinciales (Goma et Bukavu)
- Contrôle des zones minières stratégiques : Rubaya (coltan), Nyabibwe, Kitchanga
- Contrôle de l'aéroport de Kavumu
- 70 corps liés retrouvés dans une église à Mayba (banlieue de Bukavu)
- Exécutions d'enfants par le M23 (nombre non vérifié)
1.3. L'accusation internationale : Le Rwanda identifié comme agresseur
21 février 2025 : Le Conseil de sécurité de l'ONU adopte la Résolution 2773 appelant explicitement le Rwanda à cesser son soutien au M23 et à retirer ses forces de la RDC.
Positions internationales :
- États-Unis : Reconnaissent le soutien militaire rwandais au M23
- Union européenne : Condamne l'agression rwandaise
- Union africaine : Appelle au retrait du M23 pour éviter la "balkanisation" de la RDC
- MONUSCO : Documente le rôle "critique" du soutien militaire rwandais à la campagne du M23
Le Rwanda, malgré ces accusations, continue de nier officiellement toute implication militaire directe.
2. L'intervention burundaise : La seule force qui combat réellement
2.1. Le déploiement massif (octobre 2023 - février 2025)
Face à l'offensive M23, le Burundi répond à l'appel de la RDC en déployant des forces substantielles dans le cadre de la Force régionale de la Communauté d'Afrique de l'Est (EACRF).
Septembre 2023 : Le Burundi formalise sa coopération militaire avec la RDC, devenant le principal allié régional de Kinshasa.
Octobre 2023 : Début du déploiement de plus de 10 000 soldats burundais dans l'Est de la RDC.
Zones de déploiement :
- Hauts et Moyens Plateaux de Fizi et Uvira (5 bataillons)
- Défense de Bukavu (5 000 à 6 000 soldats)
- Kalehe, Kamanyola, environs de l'aéroport de Kavumu
- Sud-Kivu et frontière avec le Burundi
Commandement : Général Pontien Hakizimana (alias "Mingi"), à la tête d'un régiment composé de quatre brigades.
2.2. La reconnaissance du président Tshisekedi : Seul le Burundi combat vraiment
Mai 2025 : Le président Félix Tshisekedi fait une déclaration publique révélatrice :
« L'armée burundaise est la seule qui opère contre les groupes armés parmi toutes les forces de la Communauté d'Afrique de l'Est déployées dans l'Est de la RDC depuis fin 2022. »
Tshisekedi ajoute :
« Il y a une sorte de collaboration entre la force de la CEA et les terroristes du M23. La preuve en est l'intervention des Burundais lorsque les terroristes du M23 ont commencé à lever illégalement des taxes dans les territoires qu'ils occupaient. »
Ce que signifie cette déclaration :
- Les autres forces de la CEA (Kenya, Ouganda, Tanzanie, Soudan du Sud) ne combattent pas activement le M23
- Seules les forces burundaises s'opposent militairement au M23
- Le président congolais lui-même reconnaît que le Burundi est son seul véritable allié militaire
2.3. Le coût de l'engagement burundais
Pertes militaires
Bien que les chiffres officiels ne soient pas publics, les sources militaires burundaises confirment des pertes substantielles lors des combats contre le M23 et les forces rwandaises.
Problèmes logistiques critiques
Février 2025 : Un officier supérieur de l'armée burundaise déclare à l'AFP :
« Depuis hier, l'armée a accéléré l'extraction de nos soldats déployés dans la plaine de Rusizi en RDC. »
« Les soldats en RDC font face à de sérieux problèmes de réapprovisionnement, en raison des forces congolaises 'désorganisées'. Les soldats burundais sont 'totalement perdus', sans munitions, sans nourriture et doivent se débrouiller. »
Retrait forcé : En février 2025, la majorité des troupes burundaises se retirent par manque de soutien logistique. Environ 3 000 soldats restent déployés contre 10 000+ initialement.
Fardeau humanitaire
Janvier-février 2025 : Face à la chute de Goma et Bukavu, environ 70 000 réfugiés congolais fuient vers le Burundi.
6 février 2025 : Le Burundi ferme temporairement sa frontière avec la RDC face à l'afflux massif.
Le UNHCR déclare qu'il s'agit de « la plus grande vague de réfugiés que le Burundi a vue depuis le début des années 2000 ».
Conditions des réfugiés : Les réfugiés congolais au Burundi font face à des conditions difficiles – manque de nourriture, d'abris, de couvertures. Le Burundi, pays pauvre, peine à gérer cet afflux sans aide internationale significative.
Coûts économiques
- Déploiement et maintien de 10 000+ soldats
- Équipement militaire perdu ou endommagé
- Frais logistiques sans remboursement
- Accueil de 30 000 réfugiés
- Perturbations économiques frontalières
Aucune compensation internationale n'a été versée au Burundi pour ces coûts.
2.4. La coopération bilatérale RDC-Burundi : Une alliance sur le papier
Août 2024 : Signature d'un accord militaire bilatéral entre la RDC et le Burundi à Kinshasa.
22 décembre 2024 : Le président Tshisekedi se rend à Bujumbura pour rencontrer son homologue Évariste Ndayishimiye. Les deux présidents réaffirment leur solidarité face aux agressions du M23 soutenu par le Rwanda. Le Burundi, selon le communiqué, « appuie fermement la RDC dans ce conflit ».
Le paradoxe : Ces accords bilatéraux et cette reconnaissance verbale ne se traduisent pas en soutien logistique concret pour les forces burundaises ni en inclusion dans les négociations internationales majeures.
3. L'initiative congolaise auprès de Washington : Le processus qui marginalise le Burundi
3.1. L'appel de Tshisekedi aux États-Unis
Face à l'effondrement militaire de janvier-février 2025, le président Tshisekedi prend l'initiative de faire appel à la puissance américaine.
Février 2025 : Tshisekedi envoie une lettre au président Donald Trump, offrant à son administration un accès privilégié aux minerais critiques de la RDC (cobalt, coltan, cuivre) en échange d'une assistance sécuritaire américaine.
Mars 2025 : Tshisekedi formalise son offre aux États-Unis.
Mars 2025 : Massad Boulos, homme d'affaires ayant servi comme conseiller pour le Moyen-Orient dans l'équipe de transition de Trump, est nommé au Département d'État américain pour médier le conflit en RDC.
Ce que cela signifie : C'est la RDC qui a initié le processus menant aux accords de Washington. Ce n'est pas une imposition extérieure. Tshisekedi a volontairement fait appel à Washington et offert les ressources minérales comme monnaie d'échange.
3.2. Le processus de négociation : L'exclusion systématique du Burundi
25 avril 2025 : Première réunion à Washington entre les ministres des Affaires étrangères de la RDC (Thérèse Kayikwamba Wagner) et du Rwanda (Olivier Nduhungirehe), en présence du Secrétaire d'État américain Marco Rubio.
Une « Déclaration de principes » est adoptée, appelant au respect de l'intégrité territoriale, à la résolution des préoccupations sécuritaires légitimes, et à la coopération économique sur les minerais critiques.
Qui est à la table ?
- RDC
- Rwanda
- États-Unis
- Qatar (co-médiateur)
Qui est absent ?
- Le Burundi – malgré 10 000 soldats déployés et la reconnaissance de Tshisekedi comme seul allié combattant
- Tanzanie, Kenya, Ouganda (autres membres CEA)
- Angola (médiateur historique du processus de Luanda)
19 juin 2025 : Signature d'un accord préliminaire de paix.
27 juin 2025 : Signature de l'Accord de paix définitif entre la RDC et le Rwanda à Washington.
3.3. Le contenu de l'Accord de Washington : Une architecture qui exclut le défenseur
Dispositions sécuritaires :
- Retrait des forces rwandaises de la RDC dans les 90 jours
- La RDC doit cesser tout soutien aux FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda)
- Création d'un Mécanisme conjoint de coordination sécuritaire (JSCM) entre RDC et Rwanda
- Harmonisation d'un plan pour la neutralisation des FDLR
Dispositions économiques :
- Établissement d'un cadre d'intégration économique régionale centré sur les minerais critiques
- Implication des États-Unis dans ce cadre économique
- Coopération RDC-Rwanda sur l'exploitation et le commerce des ressources stratégiques
Le problème fondamental :
Cet accord traite le Rwanda – l'agresseur identifié par l'ONU – comme une partie égale à la RDC. Il lui offre même une position privilégiée dans l'exploitation économique des minerais de l'Est congolais. Le Burundi, qui a défendu la RDC militairement, n'est mentionné nulle part.
3.4. Les accords bilatéraux USA-Rwanda : La double légitimation de l'agresseur
Au-delà de l'accord tripartite RDC-Rwanda-USA, les États-Unis et le Rwanda signent des accords bilatéraux parallèles portant sur :
- La coopération économique
- Les minerais stratégiques
- La sécurité régionale
L'injustice amplifiée :
Le Rwanda obtient ainsi une double légitimation :
- Comme partie égale à la RDC dans l'accord tripartite de paix
- Comme partenaire direct des États-Unis dans les accords bilatéraux
Le Rwanda passe du statut d'agresseur (Résolution 2773 de l'ONU) à celui de partenaire économique et sécuritaire privilégié de la première puissance mondiale.
Le Burundi n'a accès à aucun de ces cadres.
3.5. L'échec de la RDC à défendre son allié
Ce que le gouvernement congolais aurait dû faire :
- Exiger la participation du Burundi comme condition préalable à toute négociation
- Insister pour que le cadre économique sur les minerais inclue le Burundi qui partage 233 km de frontière avec le Sud-Kivu
- Conditionner tout accord avec le Rwanda au respect de l'intégrité territoriale ET à la reconnaissance de la contribution burundaise
- Utiliser la présence des 10 000 soldats burundais comme levier diplomatique
Ce que le gouvernement congolais a fait :
- Accepté passivement l'exclusion de son principal allié militaire
- Négocié directement avec son agresseur sans inclure son défenseur
- Signé un cadre de coopération économique avec le Rwanda tout en continuant à le combattre militairement
- Permis que les États-Unis établissent des relations bilatérales privilégiées avec le Rwanda
Le résultat : Le Burundi a été trahi non pas par son ennemi, mais par le pays qu'il défendait.
4. Le refus rwandais de respecter l'accord : Impunité totale
4.1. Septembre 2025 : Le Rwanda reste en RDC
L'accord du 27 juin 2025 prévoyait le retrait des forces rwandaises dans les 90 jours, soit avant fin septembre 2025.
Réalité de septembre 2025 :
- Les troupes rwandaises sont toujours présentes sur le sol congolais
- Le M23 contrôle toujours Goma et Bukavu
- Le M23 contrôle toujours les zones minières stratégiques (Rubaya, Nyabibwe, Kitchanga)
- Aucun retrait n'a commencé
- La mise en œuvre de l'accord est totalement au point mort
4.2. L'absence de conséquences
Réaction américaine : Aucune sanction contre le Rwanda
Réaction sur les accords bilatéraux USA-Rwanda : Aucune suspension
Réaction sur le cadre de coopération économique : Les discussions continuent normalement
Réaction de la RDC : La RDC déclare qu'aucune coopération économique avec le Rwanda n'est possible tant que ses troupes ne se retirent pas – mais aucune action concrète n'est prise
Position du Burundi : Toujours exclu de tous les mécanismes, malgré le fait que le Rwanda démontre qu'il ne respecte pas les accords
4.3. Le message envoyé : L'efficacité de l'agression
La leçon géopolitique claire :
Si vous êtes un agresseur avec un bon appareil diplomatique :
- Vous pouvez occuper militairement un pays souverain
- Obtenir une place à la table des négociations comme partie égale
- Signer des accords économiques avantageux
- Établir des partenariats bilatéraux avec les grandes puissances
- Violer ces accords sans conséquences
- Continuer à bénéficier de tous les avantages économiques et diplomatiques
Si vous êtes un défenseur loyal :
- Vous sacrifiez des vies et des ressources
- Vous êtes exclu des négociations
- Vous ne recevez aucune compensation
- Vous devez retirer vos troupes par manque de soutien
- Vous accueillez les réfugiés sans aide internationale
- Vous restez marginalisé même quand l'agresseur viole les accords
Ce système inverse toutes les incitations normales en relations internationales et garantit la perpétuation des conflits.
5. Le tableau de l'injustice : Rwanda vs Burundi
Tableau comparatif complet
| Critère | RWANDA (Agresseur) | BURUNDI (Défenseur) |
|---|---|---|
| Rôle militaire 2022-2025 | Déploiement de 12 000 soldats pour soutenir le M23 | Déploiement de 10 000+ soldats pour combattre le M23 |
| Position ONU | Accusé d'agression par Résolution 2773 | Reconnu comme partenaire de stabilisation |
| Reconnaissance Tshisekedi | Désigné comme soutien du "terrorisme" M23 | « Seule force qui combat réellement le M23 » |
| Contrôle territorial | Contrôle indirect de Goma, Bukavu, zones minières via M23 | Aucun contrôle territorial en RDC |
| Bénéfices économiques directs | Centaines de millions USD/an via exploitation minière (Rubaya, Nyabibwe) | Coûts militaires et logistiques massifs non compensés |
| Coûts assumés | Aucun – exploitation génère des profits | Déploiement, équipement, munitions, nourriture non remboursés |
| Réfugiés | Aucun réfugié congolais accueilli | 30 000+ réfugiés congolais accueillis |
| Participation Accord Washington | Partie principale aux négociations | Non invité, totalement exclu |
| Accords bilatéraux avec USA | Oui – accords privilégiés signés | Non – aucun accord |
| Cadre coopération économique | Partenaire privilégié sur les minerais critiques | Exclu malgré frontière de 233 km avec Sud-Kivu |
| Respect de l'accord (sept. 2025) | Violation totale – maintien des troupes | N/A – pas partie à l'accord qu'il aurait dû signer |
| Conséquences du non-respect | Aucune – accords continuent normalement | N/A |
| Position diplomatique finale | Légitimé comme acteur régional incontournable | Marginalisé comme acteur périphérique |
| Reconnaissance internationale | Partenaire des USA dans cadre régional | Aucune reconnaissance internationale |
| Bénéfices nets | Énormes : gains économiques + légitimation politique + partenariats privilégiés | Négatifs : pertes militaires + coûts économiques + fardeau réfugiés + exclusion diplomatique |
Le verdict du tableau : L'agression est récompensée, la défense est punie
Ce tableau révèle une logique perverse où :
- Le pays qui déstabilise la RDC obtient reconnaissance diplomatique et opportunités économiques
- Le pays qui défend la RDC obtient marginalisation, coûts non compensés et exclusion
Cette inversion complète des principes normaux de justice internationale démontre que le système actuel :
- Récompense l'efficacité diplomatique manipulatrice plutôt que la contribution réelle
- Favorise ceux qui violent le droit international s'ils ont de bons réseaux d'influence
- Ignore ceux qui sacrifient pour défendre la souveraineté d'un autre État
- Crée des incitations perverses qui encouragent l'agression future.
6. Les causes de cette injustice : La faiblesse institutionnelle congolaise
6.1. Une incapacité diplomatique chronique
Le gouvernement congolais souffre d'une faiblesse institutionnelle structurelle qui explique cette injustice :
Dépendance diplomatique paralysante
- La RDC ne pilote jamais ses propres négociations
- Elle accepte passivement les priorités des médiateurs externes (USA, Qatar)
- Elle n'a pas exigé l'inclusion du Burundi comme condition préalable
Absence de vision stratégique cohérente
- Signe des accords bilatéraux avec le Burundi (août 2024, décembre 2024)
- Puis négocie des cadres économiques avec le Rwanda sans y associer le Burundi
- Cette incohérence révèle l'absence de coordination au sein de l'appareil gouvernemental
Capture par des intérêts privés
- Les élites économiques de l'Est de la RDC ont des relations d'affaires lucratives avec le Rwanda
- Ces réseaux transfrontaliers influencent les décisions gouvernementales
- Le profit personnel prime sur l'intérêt national ou la loyauté envers les alliés
Absence de mémoire institutionnelle
- Le gouvernement oublie les sacrifices de ses partenaires
- La contribution burundaise (10 000 soldats, reconnaissance de Tshisekedi) ne pèse rien dans les décisions
6.2. Vulnérabilité aux pressions occidentales
Les États-Unis et l'Union européenne ont historiquement privilégié le Rwanda comme partenaire régional, perçu comme :
- Stable et moderne
- Efficace économiquement
- Allié fiable (malgré les accusations d'agression)
La RDC, dépendante de l'aide internationale, peine à résister à ces orientations. Elle suit les priorités américaines même quand elles contredisent ses intérêts stratégiques.
6.3. L'abandon diplomatique du Burundi : Un symptôme d'incompétence
Le fait que la RDC n'ait pas exigé la présence du Burundi aux négociations de Washington illustre une incapacité fondamentale.
Un État souverain fort aurait :
- Conditionné sa participation à l'inclusion de tous ses alliés militaires
- Utilisé le déploiement burundais comme levier diplomatique
- Refusé tout accord économique avec le Rwanda sans inclusion du Burundi
Le gouvernement congolais a :
- Accepté passivement l'architecture proposée par Washington
- Permis l'exclusion de son principal allié
- Signé des accords avec son agresseur
Ce n'est pas de la malveillance – c'est de l'incompétence institutionnalisée.
7. Les bénéfices du Rwanda : Comment l'agresseur profite du conflit
7.1. Bénéfices économiques directs
Exploitation minière via le M23
- Contrôle de Rubaya (l'une des plus grandes sources de coltan au monde)
- Contrôle de Nyabibwe et autres zones minières stratégiques
- Exportation des minerais congolais comme production rwandaise
- Estimation : centaines de millions de dollars annuellement
Position d'intermédiaire commercial
- Transit obligatoire de nombreux produits congolais via le Rwanda
- Taxes douanières et frais de transit
- Marges commerciales sur les échanges RDC-marchés internationaux
7.2. Bénéfices diplomatiques et stratégiques
Légitimation internationale
- L'accord de Washington place le Rwanda sur un pied d'égalité avec la RDC
- Pour un pays accusé d'agression par l'ONU, c'est une victoire diplomatique majeure
- Le Rwanda passe d'agresseur à partenaire indispensable
Accès privilégié aux cadres économiques
- Cadre d'intégration régionale sur les minerais critiques
- Partenariats avec les investisseurs américains
- Position centrale dans les futurs projets économiques régionaux
Renforcement de l'influence régionale
- Siège à la table des négociations majeures
- Influence sur les décisions sécuritaires et économiques régionales
- Consolidation du statut de puissance régionale incontournable
7.3. Absence de coûts pour l'agression
Aucune sanction pour :
- Le déploiement de 12 000 soldats en territoire congolais
- L'occupation de Goma et Bukavu
- Le soutien militaire au M23
- Les violations documentées du droit international
Aucune conséquence pour :
- La violation de l'accord de Washington (non-retrait en septembre 2025)
- Le maintien de l'occupation militaire
- La poursuite de l'exploitation des ressources congolaises
Résultat net : Le Rwanda gagne sur tous les tableaux – gains économiques massifs, légitimation diplomatique, influence régionale accrue, partenariats internationaux privilégiés, et aucun coût pour son agression.
8. Conséquences de cette injustice : Menaces pour la stabilité régionale
8.1. Désincitation à la coopération loyale
Question fondamentale : Pourquoi un pays sacrifierait-il ses ressources pour aider la RDC si cet engagement ne se traduit par aucune reconnaissance ?
Le Burundi a appris que :
- Déployer 10 000 soldats ne mène à aucune reconnaissance
- Accueillir 30 000 réfugiés ne génère aucune aide
- Être reconnu par Tshisekedi comme seul véritable allié ne garantit aucune inclusion
- Les sacrifices militaires et économiques ne se traduisent par aucun bénéfice
Conséquence : Les futurs alliés potentiels de la RDC réfléchiront à deux fois avant de s'engager.
8.2. Encouragement à l'opportunisme agressif
Leçon apprise par les acteurs régionaux : L'agression militaire avec un bon appareil diplomatique mène à :
- La reconnaissance internationale
- Des accords économiques avantageux
- Des partenariats avec les grandes puissances
- L'impunité même en cas de violation d'accords
Conséquence : Ce système incite à la déstabilisation plutôt qu'à la coopération.
8.3. Affaiblissement de la crédibilité institutionnelle congolaise
Comment prendre au sérieux un gouvernement qui :
- Ne défend pas ses alliés
- Récompense ses adversaires
- Oublie les sacrifices de ses partenaires
- Ne peut honorer ses engagements bilatéraux dans les forums multilatéraux
Conséquence : La RDC perd toute crédibilité comme partenaire régional fiable.
8.4. Risque de marginalisation définitive du Burundi
Si le Burundi reste exclu des cadres régionaux :
- Perte d'opportunités économiques (minerais du Sud-Kivu, corridors commerciaux)
- Isolement géopolitique progressif
- Frustration pouvant mener à des décisions déstabilisantes
- Rupture potentielle de la coopération future avec la RDC
Conséquence : Un Burundi marginalisé n'est pas seulement une injustice – c'est une vulnérabilité sécuritaire pour toute la région.
9. Recommandations urgentes : Comment corriger cette injustice
9.1. Inclusion immédiate du Burundi dans tous les cadres régionaux
Actions requises :
- Réouverture de l'Accord de Washington pour y intégrer formellement le Burundi comme partie signataire
- Inclusion du Burundi dans le cadre d'intégration économique régionale sur les minerais critiques, particulièrement pour le Sud-Kivu dont il partage 233 km de frontière
- Intégration du Burundi dans le Mécanisme conjoint de coordination sécuritaire (JSCM) en reconnaissance de sa contribution militaire
- Accords bilatéraux USA-Burundi similaires à ceux signés avec le Rwanda, pour équilibrer les partenariats
9.2. Reconnaissance officielle de la contribution burundaise
Actions requises :
- Déclaration officielle du gouvernement congolais reconnaissant publiquement le sacrifice burundais et s'excusant pour l'exclusion
- Compensation financière pour les coûts militaires, logistiques et humanitaires assumés par le Burundi
- Médaille ou distinction pour les forces burundaises ayant combattu en RDC
- Mémorial aux soldats burundais tombés en défendant la souveraineté congolaise
9.3. Conditionnalité des accords avec le Rwanda
Actions requises :
- Suspension immédiate de tout cadre de coopération économique avec le Rwanda tant que ses troupes restent en territoire congolais
- Conditionnalité ferme : Aucun accord économique avec le Rwanda sans retrait complet ET inclusion du Burundi
- Sanctions ciblées contre les officiels rwandais identifiés par l'ONU comme dirigeant les opérations militaires en RDC
- Révision des accords bilatéraux USA-Rwanda pour y inclure des mécanismes de sanction en cas de violation
9.4. Renforcement institutionnel du gouvernement congolais
Actions requises :
- Réforme de l'appareil diplomatique pour développer une capacité autonome de négociation
- Coordination interministérielle pour assurer la cohérence entre accords bilatéraux et positions multilatérales
- Anticorruption pour réduire l'influence des réseaux d'affaires privés sur les décisions gouvernementales
- Formation diplomatique pour que les négociateurs congolais puissent défendre fermement les intérêts nationaux et les alliances stratégiques
9.5. Mécanismes de vérification et d'application
Actions requises :
- Monitoring international indépendant du retrait des forces rwandaises avec publication de rapports mensuels
- Mécanisme de sanctions automatiques en cas de non-respect des délais de retrait
- Gel des accords économiques dès qu'une violation est constatée
- Rôle accru de l'Union africaine et de la CEA pour garantir que tous les États membres concernés soient inclus dans les processus régionaux
10. Conclusion : L'ingratitude congolaise et l'urgence de la justice
Le bilan d'une injustice flagrante
L'intervention militaire burundaise pour défendre la RDC contre l'agression Rwanda-M23 représente l'un des engagements les plus substantiels d'un pays africain pour la souveraineté d'un autre dans l'histoire récente :
- Plus de 10 000 soldats déployés
- Seule force combattant réellement le M23 selon le président Tshisekedi lui-même
- Pertes militaires et coûts logistiques massifs
- 30 000+ réfugiés congolais accueillis
- Retrait forcé par manque de soutien
La réponse du gouvernement congolais à ce sacrifice :
- Exclusion totale des accords de Washington
- Aucune inclusion dans les cadres économiques régionaux
- Aucune compensation pour les coûts assumés
- Aucune reconnaissance internationale organisée
- Abandon diplomatique au profit du Rwanda, l'agresseur
La double trahison : Initiative congolaise qui marginalise son propre allié
L'injustice est amplifiée par le fait que c'est la RDC elle-même qui a initié le processus menant à cette marginalisation. En faisant appel à Washington (février-mars 2025) et en offrant un accès aux minerais critiques, Tshisekedi a déclenché des négociations qu'il ne pouvait contrôler.
Résultat : Le processus initié par le Congo pour résoudre son problème sécuritaire a abouti à :
- Légitimer le Rwanda (accords tripartites et bilatéraux)
- Exclure le Burundi (aucune participation)
- Récompenser l'agresseur (cadres économiques privilégiés)
- Punir le défenseur (marginalisation totale)
L'impunité rwandaise : Le prix de la faiblesse congolaise
En septembre 2025, le Rwanda maintient ses troupes en territoire congolais malgré l'accord du 27 juin prévoyant un retrait dans les 90 jours. Aucune conséquence. Les accords économiques continuent. Les partenariats bilatéraux USA-Rwanda restent en vigueur.
Pendant ce temps, le Burundi reste exclu, ses troupes ont dû se retirer par manque de soutien, et il continue d'accueillir 30 000 réfugiés sans aide internationale.
Le message est clair : Dans le système actuel, l'agression bien exécutée diplomatiquement mène au succès. La loyauté et le sacrifice mènent à l'abandon.
Pourquoi « les Congolais sont ingrats »
Cette expression ne vise pas à stigmatiser le peuple congolais. Elle nomme une réalité géopolitique : l'incapacité chronique du gouvernement de la RDC à :
- Honorer ses alliances
- Reconnaître les sacrifices de ses partenaires
- Défendre ses alliés dans les négociations internationales
- Coordonner ses engagements bilatéraux avec ses positions multilatérales
Cette ingratitude n'est pas de la malveillance – c'est le symptôme d'une faiblesse institutionnelle :
- Dépendance diplomatique paralysante
- Absence de vision stratégique
- Capture par des intérêts privés
- Vulnérabilité aux pressions externes
Un système qui garantit la perpétuation des conflits
L'architecture actuelle crée des incitations perverses :
Elle récompense :
- L'agression militaire (Rwanda : partenaire privilégié)
- La violation des accords (pas de conséquences au non-retrait)
- L'exploitation des ressources d'autrui (minerais via M23)
- La manipulation diplomatique (lobbying efficace)
Elle punit :
- La loyauté militaire (Burundi exclu malgré 10 000 soldats)
- Le sacrifice humanitaire (30 000 réfugiés sans reconnaissance)
- L'honnêteté diplomatique (absence de lobbying pénalisée)
- Le respect des principes (défendre la souveraineté ne rapporte rien)
Conséquence inévitable : Ce système garantit que les conflits continueront. Pourquoi choisir la coopération loyale si elle mène à l'exclusion ? Pourquoi ne pas opter pour l'agression si elle ouvre les portes de Washington ?
L'urgence d'un rééquilibrage
Sans correction immédiate de cette injustice, toute prétention à une paix durable dans les Grands Lacs restera illusoire.
Trois actions impératives :
- Inclusion rétroactive du Burundi dans tous les cadres régionaux – accords de Washington, coopération économique, mécanismes sécuritaires
- Conditionnalité ferme : Suspension de tout accord économique avec le Rwanda jusqu'au retrait complet de ses troupes ET inclusion du Burundi
- Renforcement institutionnel de la RDC pour qu'elle puisse défendre ses alliances et piloter ses propres négociations
Verdict final
Le Burundi a été fidèle. La RDC a été ingrate. Le Rwanda a été récompensé. Cette dynamique doit cesser.
Un système qui récompense l'agression et punit la loyauté n'est pas un système de paix – c'est un système qui garantit que les conflits continueront indéfiniment.
Le Burundi mérite mieux que cette marginalisation. La RDC mérite un gouvernement capable de défendre ses alliés. La région des Grands Lacs mérite une architecture de paix fondée sur la justice, pas sur l'opportunisme.
L'injustice faite au Burundi n'est pas un détail diplomatique – c'est le symptôme d'un système régional dysfonctionnel où la faiblesse de l'État congolais permet que l'agression soit récompensée et la loyauté punie.
Sans justice pour le Burundi, il n'y aura pas de paix dans les Grands Lacs.
Références principales
Documents officiels et rapports ONU
- United States Department of State (2025, 27 juin). Peace Agreement Between the Democratic Republic of the Congo and the Republic of Rwanda. https://www.state.gov/peace-agreement-between-the-democratic-republic-of-the-congo-and-the-republic-of-rwanda
- Conseil de sécurité des Nations Unies (2025, 21 février). Résolution 2773 - Appel au Rwanda à cesser son soutien au M23.
- MONUSCO (2024-2025). Rapports sur la situation sécuritaire en RDC. Estimations : 4 000 soldats rwandais (déc. 2024) → 12 000 (mars 2025).
- UN Group of Experts on DRC (2024). Report on Rwandan military support to M23. Identification des commandants rwandais.
- UNHCR (2025, février). Burundi Refugee Situation Update. 30 000+ réfugiés congolais au Burundi.
Sources gouvernementales
- Présidence de la RDC (2025, mai). Déclaration du Président Tshisekedi : « L'armée burundaise est la seule qui opère contre les groupes armés. »
- Ministère burundais de la Défense (2023-2025). Communiqués sur le déploiement de 10 000+ soldats dans l'EACRF.
- Présidence du Burundi (2024, 22 décembre). Communiqué sur la visite de Tshisekedi à Bujumbura.
Analyses et documentation
- Wikipedia (2025). "2025 Democratic Republic of the Congo–Rwanda peace agreement". Documentation complète.
- Wikipedia (2025). "Democratic Republic of the Congo–Rwanda conflict (2022–2025)".
- Wikipedia (2025). "2025 Goma offensive" et "2025 Bukavu offensive".
- Lieber Institute West Point (2025, 15 septembre). "The Conflict in Eastern DRC and the State Responsibility of Rwanda and Uganda".
Médias de référence
- The Defense Post (2025, 21 février). "Burundi Forces Flee DR Congo as Conflict Sparks Refugee Wave".
- The New Humanitarian (2025, 12 mai). "Congolese escaping the M23 conflict face new hardships in Burundi".
- The East African (2023, 14 novembre). "M23 go for Burundian troops in DRC clashes".
- African Security Analysis (2025). "Burundi Intensifies Its Military Involvement in Eastern DRC".
- Council on Foreign Relations (2025). "Conflict in the Democratic Republic of Congo". Global Conflict Tracker.
Perspectives burundaises
- Burundi-Forum (2025, 27 juin). "Burundi / Géopolitique – RDC, Rwanda, USA : Comment comprendre la signature du 27 juin 2025 ?"
- Burundi-AGNews (2025). Analyses sur l'exclusion du Burundi des accords régionaux.
Briefings internationaux
- UN Press (2025, 28 février). "As Regional Tensions Rise, M23 Advances Further in Eastern DRC". Briefing du Conseil de sécurité.
Préparé par :
Sam Nkumi, Chris Thomson & Gilberte Bienvenue
Improve Africa, London, UK
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